Témoignage de Mélanie Barabé, travailleuse sociale et maman de deux fillettes
Quand le doute s’installe
Depuis plusieurs années, je suis travailleuse sociale auprès de familles qui ont des enfants avec ou sans diagnostics (besoins particuliers). De plus, étant maman de deux cocottes à défi, je peux bien saisir votre réalité.
Quand on décide d’avoir un enfant, on ne prévoit que du positif à cette aventure de la parentalité. On sait qu’il va y avoir des défis à relever mais sans trop connaître et saisir l’ampleur de ce qui nous attend. Dès les premiers mois de vie de l’enfant, on réalise souvent que le projet était plus mobilisant que prévu : on dort peu, notre vie de couple change, l’épuisement s’installe peu à peu et de nouveaux défis surviennent au niveau de la conciliation travail-famille. Évidemment, on veut le meilleur pour notre enfant, alors on décide de suivre les diverses recommandations et conseils qui nous sont donnés. Il n’y a pas de doute, maintenant nos besoins passent après celui de notre petit trésor!
Quand le GPS sonne l’alarme
Cependant, quand notre GPS de parent sonne l’alarme et qu’on soupçonne que notre enfant ne se développe pas comme la majorité des autres enfants, l’inquiétude s’installe et cela amène un lot d’émotions contradictoires. On se fait croire que tout va rentrer dans l’ordre normalement, mais en même temps on désire très fort obtenir une confirmation de nos craintes. Malgré la peur, on décide de solliciter divers services médicaux pour mieux comprendre notre enfant. C’est là que la différence entre la vie de famille de monsieur et madame tout le monde et la nôtre apparait. On entre dans l’autobus des processus.
La presqu’incontournable culpabilité
Tout d’abord, il faut gérer ses propres émotions (déjà pas facile quand on manque de sommeil!) et parfois argumenter avec notre entourage qui, voulant certainement nous rendre service, peut avoir tendance à banaliser ce que nous vivons et prononcer des phrases inadéquates. Nos proches aimeraient certainement nous aider mais ils ressentent, tout comme nous, une grande impuissance et un sentiment d’incompréhension.
On doit alors se « débattre » afin d’obtenir des rendez-vous avec divers spécialistes. On doit remplir des millions de questionnaires et des formulaires qui n’en finissent plus. On se sent scruté à la loupe, on a le sentiment qu’on cherche à nous responsabiliser et on doit continuellement se justifier. Il arrive même à l’occasion que des professionnels remettent en doute nos méthodes éducatives. Les processus d’évaluation sont insécurisants, on ne comprend pas toujours le langage des professionnels et ce qu’ils essaient de nous dire. On doit vite apprendre leur jargon. Puis arrive le fameux diagnostic, avec le soulagement, les craintes et les peurs.
Notre bulle familiale est bouleversée, certes, mais l’édifice érigé de bonnes valeurs et de beaux moments ne s’écroule pas pour autant! Parfois, des moments de répit sont nécessaires, et ce sera le sujet de notre prochaine chronique.
En terminant, voici un excellent article de Naitre et Grandir sur la façon d’annoncer cette nouvelle aux proches sans être submergé par les jugements et les commentaires dérangeants.
Mélanie Barabé, travailleuse sociale et maman